Portrait Publié le 12 juin 2017

Yann Goyat

Entreprise : Logiroad

Poste : Président

Année de création : 2012

Atlanpole : Le pitch de votre entreprise ? Yann Goyat :

Logiroad,  véritable acteur de la Smart City, développe des solutions pour cartographier l’état de la route et le trafic routier.

Nous sommes éditeur de logiciels très spécialisés pour aider les collectivités, gestionnaires routiers à préserver leur patrimoine.  Nos outils servent au diagnostic du réseau routier, ce qui permet aux  services voiries des collectivités de savoir où et quand faire les travaux, qui circule sur leurs réseaux etc. Il s’agit pour eux d’une aide à la décision, à l’anticipation et l’optimisation pour l’aménagement et préservation des routes.

A. : Des résultats à donner maintenant ? Y. G. :

11 personnes travaillent aujourd’hui chez Logiroad. En termes de résultats économiques, notre chiffre d’affaires 2016 était de 830K€ et nous comptons près de 30 clients en France, dont Rennes Métropole, Toulouse… on espère contractualiser dans un futur proche avec  Nantes Métropole  et ses 2500 kms de route ainsi que le Conseil Départemental 44 !

Au niveau de la recherche, Logiroad détient 2 licences avec IFSTTAR (L’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux) et entretient une relation privilégiée avec l’Université de Clermont-Ferrand autour d’un projet de recherche sur la partie trafic de notre activité. Accessoirement j’y ai fait ma thèse !

Du côté des partenariats, nous collaborons avec  de grosses entreprises de construction type COLAS, intéressées par nos produits pour faire du suivi de chantier. Nous avons signé récemment des partenariats avec La Poste* et le groupe Keran. Pour Keran, nous adaptons nos produits pour gérer les réseaux d’assainissement. Le produit développé dans ce cadre, un Logiciel avec expertise baptisé « KanaRi », qui sort en septembre, est également à destination des collectivités.

La stratégie : être au top dans notre savoir-faire et nouer des partenariats pour le développement de la partie commerciale

Et enfin l’international : Logiroad travaille avec 10 pays d’Afrique francophone, notamment grâce à des fonds européens. Cap désormais sur l’Amérique du Sud avec un projet d’installation en Colombie, puis ensuite les pays alentours avec de belles perspectives.

A. : S’il faut remonter à l’origine ? Y. G. :

J’ai été chercheur pendant 10 ans à l’IFSTTAR, responsable  d’une unité de recherche dont les sujets n’étaient autres que l’entretien des routes et la gestion du trafic !

Indépendamment de mon envie d’entreprendre, le déclic pour créer l’entreprise, c’est lorsqu’on a réalisé qu’il y avait un vrai besoin, lorsqu’on a vendu un logiciel au Mali, formé des gens sur place à l’entretien des routes et ça a bien fonctionné.

J’ai donc créé Logiroad en 2012 avec mon associé Philippe Lepert,  start-up innovante basée sur 40 ans d’expertise de l’IFSTTAR.

A. : Un moment décisif ? Y. G. :

En terme de business : La signature avec la première grande métropole en France et le 1er gros contrat en Afrique. Et puis plus récemment le projet avec La Poste* : ça va nous booster et nous donne des perspectives sur la data. Logiroad, avec son expertise autour des données sur la ville, sera  encore davantage un acteur de la smart city.

A. : Des accélérateurs de parcours ? Y. G. :

Je partais de zéro sur la partie entrepreneuriale. On a commencé avec Atlanpole qui a dressé ma feuille de route.  J’avais le profil type : issu d’un laboratoire de recherche, avec un marché à conquérir. Atlanpole m’a accompagné sur la méthodologie, le fond, la forme, sur les aides etc…

Ensuite je citerais le Réseau Entreprendre, CCI International, le WTC (Club Afrique) ,  ID4Car…

Logiroad fait partie intégrante de tout l’écosystème local.

 

*La Poste : le turbo !

Logiroad est le partenaire technique et scientifique de Geoptis : filiale de la Poste créée en 2017 qui propose un audit voirie pour les collectivités. Leur grande force est d’avoir des collaborateurs 6 jours sur 7 sur le terrain, susceptibles de remonter des données  et un staff pour les traiter,  ainsi que des liens privilégiés avec les collectivités. Ce partenariat nous permet de toucher les petites et moyennes collectivités qui n’ont pas de personnel pour utiliser nos outils.

L’idée est de dupliquer ce modèle partout dans le monde. On a des contacts en Belgique.
A. : Des obstacles ? Y. G. :

La demande d’accord de licence avec l’IFSTTAR au démarrage : 20 mois de négociation… Alors que l’opération génère des royalties, assure la promotion de l’IFSTTAR dans le monde, crée de l’emploi…

De manière générale : Les circuits de décision extrêmement longs des collectivités alors que nous fonctionnons en mode start up ! Les élections aussi constituent un frein, les municipales par exemple en 2014, car aucune décision n’est prise durant ces périodes. Par ailleurs, on est lié à la géopolitique, notamment en Afrique.

A. : Que vous reste-t-il à conquérir ? Y. G. :

Le monde !!!

Nous sommes en perpétuelle réflexion sur le monde de demain. Pour mesurer le trafic routier, les capteurs seront de plus en plus performants, de plus en plus nombreux, intégrés au mobilier urbain, l’intelligence dans l’imagerie… demain le véhicule autonome, il faudra que l’infrastructure parle au véhicule et réciproquement. L’entretien des routes et la mobilité, c’est un TOUT.

90% de l’économie passe par la route aujourd’hui.

L’entretien, le maintien, la préservation sont à envisager au-delà de la construction. Les pays riches doivent entretenir leur patrimoine. La route c’est un patrimoine estimé à 2000 milliards d’euros en France. On n’a pas les moyens de laisser le dégrader. Toutes ces questions se posent. On sera forcément acteur car nous proposons des outils qui fonctionnent, et partout dans le monde.

A. : L’indispensable pour un chef d’entreprise innovante ? Y. G. :

Être passionné et avoir une vision. J’ai la chance d’avoir passé plus de 10 ans dans un  laboratoire de recherche à réfléchir à l’avenir. Aujourd’hui je vois bien où on va aller. La voiture autonome, la communication entre l’infrastructure et la voiture on y réfléchissait déjà à l’époque, maintenant que c’est d’actualité ça ne m’étonne pas.

A. : Perspectives 3 à 5 ans ? Y. G. :

Faire monter l’effectif de l’entreprise à 20 personnes en 2020, des emplois à forte valeur ajoutée (ingénieurs, chercheurs) si possible très bons dans leur domaine,  et avoir des bureaux à l’étranger.

Je souhaite être beaucoup plus présent à l’international, notamment en Amérique du Sud . Rentrer sur ce marché par la Colombie et se déployer avec des bureaux sur place pour aller chercher les bons partenaires.

Et toujours bien sûr, cultiver notre savoir-faire, la R&D est primordiale et nous maintient à la pointe des technologies qui émergent.

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