Portrait Publié le 1 mars 2019

Soufiane ROUIBIA

Entreprise : EASYBROADCAST

Poste : Président

Année de création : 2016

Atlanpole : Le pitch Soufiane ROUIBIA :

EasyBroadcast, startup « deep tech », accompagnée depuis l’origine par Atlanpole, récemment classée parmi les 10 futures licornes par une organisation européenne, propose une offre globale de diffusion de contenu Audio/Video (Live et VoD) sur le Web. Sa technologie brevetée est basée sur un protocole hybride (Client/Serveur et Viewer-to-Viewer). Elle permet de réduire la charge des diffuseurs (Chaines TV, Web Radio, Service VoD) jusqu’à 70% pour la vidéo et 90% pour l’audio. Leur technologie est facilement intégrable et indépendante de l’architecture existante.

A. : Des résultats à donner maintenant S. R. :

La jeune entreprise a déjà 3 brevets à son actif, et affiche des résultats techniques forts qui permettent d’améliorer leur technologie de jour en jour. Elle a multiplié son chiffre d’affaires  par 8 en 3ème année. L’équipe compte aujourd’hui 14 personnes (3 commerciaux et développeurs pour le reste de l’équipe).

Un label européen : EasyBroadcast a reçu fin 2018 le Prix de l’entreprise innovante européenne décerné par EIT Digital*, sélectionné parmi 200 startups venant de l’Europe entière,  et est de ce fait considérée comme une des 10 futures licornes européennes.

A. : S'il faut remonter à l’origine S. R. :

Après une thèse doctorale chez Orange,  Soufiane Rouibia a occupé un poste de responsable R&D dans une entreprise de sécurité informatique pendant 10 ans. Il travaillait sur les questions de protection de contenus  sur les réseaux pair à pair, 8 brevets sont nés de ces travaux entre autre, permettant de lutter contre  la piraterie. Fort de ces expériences et des recherches menées, il a l’idée de transposer cette technique pour le broadcast (la diffusion de contenus). Il mène alors un projet de recherche collaborative, entre 2010 et 2012, baptisé « P2PWeb » labellisé et financé par le pôle de compétitivité Images & Réseaux, en collaboration avec le LINA, laboratoire de l’Université de Nantes, et l’IRCCyN (ces deux laboratoires sont aujourd’hui le LS2N) ainsi qu’une entreprise brestoise.  »

Un brevet est déposé en 2011 suite aux résultats des travaux de recherche. Le marché n’était alors pas encore mûr pour exploiter cette technologie, il fallait attendre que la connectivité soit plus importante et donc la consommation de la bande passante augmente.
Ce qui a été le cas avec l’arrivée des smartphones, de la fibre optique et le passage à la HD… Les broadcasteurs ont eu du mal à gérer l’explosion de la consommation de la bande passante qui s’en est suivie. Deux krach réseau sont  survenus, en 2012 lors de la coupe de football américain et en 2014 lors de la coupe du monde de football. La capacité des réseaux avait été  mal estimée, le très grand nombre de viewers  a fait « tomber » le réseau.

Tous ces médias présents sur le web souhaitant diffuser de l’actualité, des images et des vidéos qui puisent être vus par le plus grand nombre, sans paralysie de réseau et sans coûts supplémentaires lorsque le trafic se fait plus dense se trouvaient en difficulté. EasyBroadcast a donc été créée en janvier 2016 pour répondre à leurs attentes avec leur offre de service complète.

 

Zoom sur la Techno :

Il existait deux techniques en broadcast sur le Web. La première, appelée Client/Serveur, consiste à déposer des contenus sur un serveur, qui sont diffusés via une bande passante, qui augmente en fonction du nombre d’utilisateurs ou « viewers » augmente, puis le deuxième, appelée P2P (pair à pair) ou V2V (viewer to viewer) qui permet à n’importe qui de se connecter au réseau d’un viewer qui partage son contenu.
Leur idée a été de décloisonner ces deux procédés et de les combiner avec une intelligence qu’on appelle le « Manager » qui utilise toutes les informations concernant le viewer (sa bande passante, quel réseau il utilise, sur quelle machine, à travers quel opérateur il passe, dans quelle zone geographique  il regarde le flux…). La nouvelle norme de broadcsat brevetée, permet de connecter les viewers les mieux adaptés à échanger entre eux pour qu’ils puissent se partager ce qu’ils ont déjà récupéré du serveur central.

 

A. : Un moment décisif S. R. :

« Le choix stratégique de vente de ne pas s’attaquer au client final« . EasyBroadcast a commencé à vendre aux chaînes TV en direct, puis aux plateformes de VOD dès la création de l’entreprise. Pour gagner du temps, Soufiane Rouibia a changé de braquet et décidé de se concentrer sur les revendeurs que sont les opérateurs satellitaires (ceux qui  vendent  de la réponse satellitaire à des chaînes TV pour couvrir une zone) et qui proposent maintenant une présence web à ces chaînes TV, appelée OTT (over the top).

 

« Les concurrents d’hier que sont les grands opérateurs OTT mondiaux deviennent aujourd’hui des partenaires car ils font des économies en utilisant notre technologie ! Au démarrage de l’activité en 2016, on vendait juste l’économie de la bande passante. Au fur et à mesure on a constaté que 90% des chaines TV n’avaient pas de service OTT. Pour une chaîne TV qui utilise la totalité de nos services, tous leurs viewers, quel que soit le terminal utilisé (applis mobiles, box, smart TV…) , sont tous connectés entre eux et se partagent les données ».

 

Parmi leurs clients, citons un opérateur comme Globecast (Plus de 800 chaines TV) , ainsi que des chaînes TV au Maghreb, aux US, en Angleterre et en Europe.

En 2018, les équipe ont ciblé un nouveau marché : l’adaptation du protocole pour une diffusion vidéo de qualité et à bas coût au sein des grandes entreprises, qui a fait l’objet d’un nouveau brevet. La Société Générale a été leur premier  client. D’autres banques et groupes du CAC40 sont en phase de négociation.

A. : Des accélérateurs S. R. :

L’équipe : Pour ce dirigeant, c’est sans aucun doute son équipe. C’est un point crucial, difficile, mais qui a été un vrai levier dans le développement de son entreprise.

« Monter une équipe c’est le plus difficile, on aura beau avoir la meilleure techno, si  on ne valide pas ce point stratégique c’est la chute ».

Soufiane Rouibia a toujours été très attaché à assurer et cultiver une base technique solide au sein de ses équipes, tout en assurant une projection recherche par le biais de la R&D. Enseigner à Polytech lui a permis de sourcer les majors de promo. Il avait accès à un véritable vivier de talents.

 

L’écosystème : Soufiane Rouibia dit avoir profité de chaque brique de cet environnement riche et propice au développement de son entreprise. Outre Atlanpole et l’IMT Atlantique, il souligne l’importance de la connexion avec le milieu académique. Il a par ailleurs été membre du CSV du pôle Images & Réseaux . Ce qui lui a notamment permis d’effectuer une veille appropriée.

 

Le label européen  (cf. EIT Digital) génère également beaucoup de rendez-vous, cet organisme lui a ouvert son carnet d’adresses de Business développeurs européens, donné accès à ses programmes d’accélération, de fonds d’investissements européens et à quelques communications.

A. : Les obstacles S. R. :

« Le fait d’être considéré comme trop petite pour signer avec des grands« . EasyBroadcast a vite contré ce frein pour gagner en crédibilité, en ayant notamment ses locaux, sa marque, et des labels comme outre celui pré-cité, Atlanpole et le Pass French tech.

A. : Ce qu’il reste à conquérir S. R. :

« Nous voulons être la norme du broadcast ! »

Le grâle de tout chercheur est que sa technologie devienne une norme. Pour y parvenir, Soufiane Rouibia a l’ambition de multiplier l’équipe par 10, soit atteindre les 150 personnes d’ici 2 ans. Pied sur l’accélérateur, il prévoit une levée de fonds et attaquer de nouveaux marchés : la diffusion des vidéos dans les hôtels et dans des structures mobiles (avions, bateaux…)

A court terme, l’arrivée de la 5G, de l’intelligence artificielle et du machine learning va faire l’objet d’une nouvelle thèse pour manager tout ce qu’EasyBroadcast collecte comme données et prédire l’avenir du protocole. La startup propose également de l’analytique, dans un Dashboard pour ses clients, car elle brasse énormément de data qu’ils vendent et utilisent pour améliorer le protocole et se projeter.

* L’EIT Digital Accelerator est composé d’une équipe paneuropéenne de business developers et d’experts en levée de fonds répartis dans 15 villes européennes et dans un hub en Silicon Valley. Depuis 2012, ils ont soutenu près de 300 startups qui ont généré un investissement total de 400 millions d’euros, dont 100 millions directement levés grâce à l’accélérateur.
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