Portrait Publié le 18 octobre 2022

i-SEP

Année de création : 2015

« Avant toute chose, c’est une aventure humaine, une histoire de rencontres » raconte Sylvain Picot, fondateur et CEO de i-SEP. La rencontre avec le Docteur Gadrat, co-fondateur de ce projet de nouvelle solution d’autotransfusion per-opératoire. La rencontre avec les membres de son équipe actuelle et avec l’écosystème nantais, d’Atlanpole à l’Etablissement Français du Sang…

 

Rencontre avec Sylvain Picot dans ses locaux de l’île de Nantes.

Atlanpole : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? i-SEP :

SP : Je suis le Président, co-fondateur et dirigeant d’i-SEP. J’ai une formation d’ingénieur en santé, ingénieur INSA (Institut national des Sciences appliquées), puis j’ai poursuivi avec une année à l’EM de Lyon. J’ai eu une première expérience de création de start-up Medtech dans le domaine des implants chirurgicaux et des produits hémostatiques. Cette expérience a duré 10 ans avant la rencontre avec le docteur Gadrat avec qui nous avons fondé i-SEP.

A. : Pour commencer que signifie i-SEP ? i. :

SP : Notre projet concerne le traitement du sang qui se fait par filtration. En terme scientifiques, on parle de techniques séparatives pour séparer différents composés biologiques ou biochimiques. i-SEP vient de là : contraction des mots « innovation » et « séparation »

A. : Racontez-nous l’origine du projet i-SEP… i. :

SP : Comme je l’évoquais auparavant, i-SEP est née de la rencontre avec le docteur Gadrat, médecin anesthésiste du CHU de Bordeaux. A la fin de sa carrière, il a réfléchi à différentes solutions de transfusion per opératoire, c’est-à-dire à la manière de récupérer le sang hémorragique au bloc et d’améliorer le produit sanguin rendu au patient.

A partir d’une première famille de brevets et d’un premier prototype, nous avons pu créer la société en octobre 2015. La création a été rendue possible grâce au soutien de Go Capital et d’Atlanpole, présents dès le début de l’aventure !

A. : Vous parlez d’une famille de brevets déposée lors de la création de la société, qu’est-ce que les brevets protègent ? i. :

SP : La première famille de brevets protège le principe d’une configuration de filtration spécifique pour concentrer les cellules sanguines. Depuis, nous avons déposé le principe du fonctionnement de notre machine ainsi que différentes briques technologiques comme par exemple, un lecteur d’hématocrite. Aujourd’hui, i-SEP a possède 7 familles de brevets !

A. : Comment avez-vous été accompagné par Atlanpole ? i. :

SP : Nous avons bénéficié du process d’incubation d’Atlanpole de manière concomitante à la création de la société. L’accompagnement d’Atlanpole s’est fait de manière assez globale, nous avons abordé les sujets qui concerne habituellement une startup, le financement, les locaux, les partenariats, les aspects réglementaires et techniques. Grâce à ces discussions riches bien des portes ont été ouvertes !

L’accompagnement a duré près 5 ans et s’est achevé en 2021.

A. : Pourquoi avez-vous choisi de vous implanter à Nantes ? i. :

SP : La rencontre avec l’écosystème nantais a été décisive. Tout d’abord, Nantes est idéalement placée entre Rennes, où se trouve notre partenaire Go Capital et Bordeaux où se trouve le CHU de Bordeaux. Nous y avons noué un partenariat avec l’Etablissement Français du Sang qui nous a accueilli dans ses locaux pour que nous puissions démarrer les étapes de R&D sur le développement de cette nouvelle technologie.

A Nantes, nous avons aussi beaucoup travaillé avec Oniris pour les évaluations pré-cliniques. Il y a eu également l’accueil favorable de Nantes Métropole qui investit dans la santé et dans le déploiement des innovations sur son territoire (quartier de la santé, futurs locaux pour les entreprises santé, fonds innovation santé…). Une trajectoire dans laquelle i-SEP s’est inscrite. J’ajoute aussi que nous avons bénéficié d’un financement européen FEDER Pays de la Loire.

A. : A quoi ressemble l’équipe d’i-SEP ? i. :

SP : Aujourd’hui, i-SEP c’est une vingtaine de personnes. Principalement des ingénieurs, docteurs et techniciens avec des compétences dans des domaines variés, en biologie, en biochimie mais également en hématologie, en mécanique ou en électronique.

Il est nécessaire d’intégrer un éventail de compétences assez large pour développer un automate capable de traiter du sang ! Il est évidemment important de veiller à la qualité du sang, à ne pas abimer les cellules sanguines… Et même nous ne réalisons pas tout en interne, il faut tout de même être capable d’échanger avec les prestataires externes sur les sujets aussi pointus que la fabrication des cartes électroniques ou le soft embarqué dans notre dispositif.

Nous travaillons à une nouvelle levée de fonds pour cette étape de commercialisation.
A. : Quelle est l’actualité d’i-SEP ? i. :

SP : La rentrée 2022 marque un moment fort dans la vie d’I-SEP. C’est un moment charnière !

Après 6 ans et demi de R&D et d’avancées pour franchir les barrières règlementaires et cliniques, nous avons obtenu en juillet 2022 le marquage CE du produit, ce qui signifie que nous avons désormais l’autorisation de mettre sur le marché notre dispositif médical.

Le marquage CE est le sésame pour pouvoir commercialiser notre produit.

L’aventure commerciale commence maintenant. L’enjeu des douze prochains mois est de nous implanter dans une vingtaine de centres de référence en Europe. Nous voulons continuer à capitaliser sur cette technologie et faire un POC commercial par rapport à l’existant en France, en Allemagne et au Benelux. Par la suite, nous visons la commercialisation de notre dispositif aux Etats Unis.

Notre dispositif apporte à la fois un intérêt pour le patient mais aussi d’un point de vue économique. Avoir des plaquettes autologues*, dans un contexte où les plaquettes coutent très cher, est une vraie valeur ajoutée. Cela permet également d’apporter une solution pour que les plaquettes de banque disponibles soient mises à disposition des patients qui n’ont pas ce choix, en oncologie par exemple.

L’un de nos objectifs est que l’hôpital puisse acheter notre solution et donc que nous soyons sélectionnés dans le cadre des procédures d’Appels d’Offres. Et nous venons justement de mettre en place un marché négocié spécifique avec la coopérative d’acheteurs hospitaliers UniHA. Les hôpitaux peuvent ainsi acheter directement notre produit par la plateforme.

Par ailleurs la Haute Autorité de Santé et les sociétés savantes européennes viennent de publier de nouvelles recommandations qui renforcent la promotion de la récupération sanguine du patient hémorragique au bloc opératoire !

Bref, notre actualité est riche ! i-SEP était financée jusqu’à l’étape de marquage CE. Nous travaillons à une nouvelle levée de fonds pour cette étape de commercialisation.

La première des clefs de la réussite, c’est l’équipe !
A. : Les clés de la réussite ? i. :

SP : La première des clefs de la réussite, c’est l’équipe ! Trouver les bons collaborateurs, la bonne équipe, avoir le bon noyau humain, c’est assurément ce qu’il y a de plus enrichissant, de plus précieux.

Et puis assurément, il y a des virages à ne pas manquer pour une société MedTech. Je pense en particulier à la mise en place d’un système qualité, d’une stratégie règlementaire. Je pense aussi à certains choix techniques au fur et à mesure du développement, avec la mise en place des partenariats, et le fait de savoir capitaliser en interne sur ce qui fait la valeur de la société : les compétences techniques, la propriété intellectuelle, l’expertise, le savoir-faire….

Enfin, un des points cruciaux est de trouver assez tôt les sources de financement. Même si au début il est possible d’accéder à des enveloppes d’aides, il faut rapidement trouver des actionnaires et des fonds propres !

A. : Auriez-vous des conseils pour ceux qui se lancent dans l’aventure de l’entreprenariat ? i. :

SP : Il ne faut pas hésiter à échanger avec les collègues entrepreneurs qui sont déjà passés par là ! Et puis, il faut garder le cap. C’est à dire réussir à tracer sa propre route en intégrant un flux d’informations important et des conseils qui ne sont pas toujours convergents.

Et puis profiter de l’accompagnement d’Atlanpole qui permet d’être guidé et de bénéficier de cet œil extérieur au fur et à mesure de l’incubation et de l’expérience de quelqu’un qui a vu beaucoup de projets se monter….

 

*Se dit d’une substance organique, d’une greffe lorsque le donneur et le receveur sont le même individu.
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