Portrait Publié le 13 avril 2021

Françoise LE VACON

Entreprise : Biofortis Mérieux NutriSciences

Poste : Chief Scientific Officer

Année de création : 2002, grâce à l'acquisition de Biofortis par Mérieux NutriSciences

Françoise Le Vacon est l’une des premières femmes créatrices d’entreprise de biotech à Nantes, avec la création d’Atlangene Applications en 1996. Elle est aujourd’hui Chief Scientific Officer de Biofortis Mérieux Nutrisciences, dont le siège est basé à Saint-Herblain, un CRO (contract research organisation) qui propose aux professionnels de santé, des essais cliniques, des projets de recherche et des tests bioanalytiques.

 

Mue par une énergie inépuisable, cette scientifique en perpétuel mouvement a développé depuis plus de 15 ans une expertise dans le domaine du microbiome. D’une nature curieuse, avec une appétence particulière pour la science, elle a toujours eu cette capacité à prendre du recul, et à se projeter. Il y a 20 ans, elle percevait que le sang et les urines ne suffiraient pas à établir un diagnostic précis, qu’il serait nécessaire de connaître la nature du microbiote d’un patient, pour adapter un traitement, mieux comprendre une pathologie, la sévérité et son évolution, et agir efficacement. L’idée d’une carte d’identité du microbiome à l’entrée à l’hôpital (au même titre qu’un test sanguin par exemple) nichée dans un coin de sa tête, est presque réalité aujourd’hui.

 

Sa première motivation pour créer une entreprise a été de développer l’emploi notamment des PhD, au nombre de 16 aujourd’hui au sein de son entreprise. Depuis son entrée dans le groupe Mérieux elle peut mener de grands projets ; l’autonomie dont elle bénéficie, couplée aux moyens d’un grand groupe lui confèrent un vrai levier pour l’ambition qu’elle porte au quotidien.

Atlanpole : A l’Origine Françoise LE VACON :

Dans les années 1990, en parallèle de la préparation de sa thèse en biologie moléculaire, elle développe les premiers tests moléculaires sur les oncogènes du cancer du sein et décroche son premier contrat de travail au Centre René Gauducheau (l’ICO aujourd’hui)

Quelques années plus tard, elle trouve sa voie en se concentrant sur l’étude de la colonisation du microbiome intestinal chez le prématuré. Tout a commencé grâce à une rencontre avec une équipe du CHU de Nantes qui travaillait sur ce sujet.
Intuitive, elle décide de monter une plateforme pour mener des analyses, avec une aide financière de la région des Pays de la Loire. Partant de zéro, elle décide d’ouvrir cet équipement à des structures extérieures via des contrats. Toutes les données engendrées lui font prendre conscience du potentiel du sujet. Démonstration était faite que l’ingestion d’un produit ou un médicament a des effets sur la flore, tout est parti de là !

C’est la mise en relation par Atlanpole à l’époque avec une équipe de l’Université et du CHU qui a provoqué un déclic, il fallait que j’y aille.
A. : Des résultats à donner maintenant F. L. V. :
  • une 20aine d’études cliniques en cours
  • une 30aine de projets de bioanalyses/an
  • + de 10 000 kits de collecte/an
  • 50% des études cliniques contiennent des études du microbiome
  • 4 séquenceurs NGS et 11 experts en bioinformatique/biostatistique
  • 80 collaborateurs en France
A. : Accélérateurs de parcours F. L. V. :

Il est toujours question de rencontres humaines. Après un passage dans le laboratoire du professeur Jean-Paul Moisan – l’IGNA –  pour lequel elle travaille sur les empreintes génétiques pour le compte de la justice, elle intègre le CHU de Nantes dans le cadre de l’association Atlangène. C’est sous l’impulsion du directeur du CHU de l’époque, le Dr Costargent, qu’elle crée son entreprise Atlangene Applications en 1996.

Il m’a fortement incité à valoriser notre savoir faire en montant ma boite ! Il a d’ailleurs été à mes côté pour développer cette spin off.

Un autre accélérateur : l’entrée dans le groupe Mérieux. Experte de l’étude des flores complexes, elle rejoint le groupe Mérieux pour travailler autour de l’ identification de souches bactériennes, l’analyse d’éco systèmes complexes.
En 2002, c’est un autre tournant qui s’opère grâce à la fusion du groupe Mérieux avec Biofortis, une CRO dirigée alors par une autre atlanpolitaine – Murielle Cazaubiel – qui développe un savoir-faire en méthodologie pour mener des études cliniques en nutrition.

Tout en gardant notre autonomie, nous sommes passés dans une autre dimension. Cela a permis de mettre au service du clinique le savoir faire moléculaire autour du microbiome.
A. : Que vous reste-t-il à conquérir ? F. L. V. :

Sur le plan de la santé publique, elle souhaite que le statut microbiomique devienne une routine, que chaque patient dispose d’une carte d’identité de son microbiome en arrivant à l’hôpital, même si elle précise que cela commence à arriver lentement.

 

« On ne vit pas seul, des milliards de microorganismes, nous vivons en symbiose avec eux sur la planète donc il faut les considérer. Chez l’homme, les animaux, les plantes, dans les airs, dans les eaux… il y en a partout. Permettons à l’homme de s’adapter à son environnement, en perpétuel changement, grâce à la connaissance de ces microorganismes. »

 

Sur le plan économique, elle entend que ce fameux microbiome prenne son envol en termes de business et soit reconnu dans la société. Parallèlement, les enjeux considérables autour des data collectées sont à prendre en compte.
En effet, toutes ces analyses produisent des données, qui doivent être exploitées… Le défi est maintenant de sortir de la valeur de ces données. Le département « data science » de l’entreprise s’étoffe d’ailleurs de plus en plus.

A. : L’indispensable F. L. V. :

L’état d’esprit de l’équipe est sans nul doute un incontournable pour Françoise Le Vacon. Elle se satisfait de cet « esprit PME » conservé, indispensable pour être flexible et réactif face aux clients et à l’environnement.

 

L’entreprise

L’activité de recherche clinique est au service de l’industrie agro alimentaire, food, ingrédients, complément alimentaire et Foodtech, LBPs et nutrition médicale. L’activité de laboratoire est dotée d’une plate-forme de biologie avec  une expertise poussée dans le microbiome, qui va aussi bien de la collecte de l’échantillon jusqu’ à l’analyse des données et même l’intégration de données via l’ intelligence artificielle.

L’entreprise dispose de centres d’investigation clinique dans lesquels ils recrutent leurs volontaires et conduisent des études en Europe, en Chine et aux Etats Unis. De la fourniture de kits jusqu’ à la livraison des rapports d’études avec une analyse du microbiome par les nouvelles technologies du séquençage. Cette expertise ouvre le champ des clients que sont les industries pharmaceutiques, cosmétologiques, vétérinaires et pré-cliniques.

Elle bénéficie de nombreux partenariats en région, avec notamment l’Université de Nantes, l’ICO, le CHU, Oniris, Mibiogate…

 


En savoir plus sur le sujet…

Prévention, diagnostic, traitement : A partir du microbiome on peut développer des candidats compléments alimentaires ou médicaments, on peut l’utiliser comme biomarqueur, de la réponse ou de la résistance à certains traitements comme les immunothérapies anti-cancer

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