Portrait Publié le 26 mars 2024

BHEALTHCARE

Année de création : 2016

BHealthCare : L’entrepreneuriat dans le sang ! 💉

 

Il est de ces projets qui prennent naissance au détour d’une conversation en famille. De ces projets de fin d’études qui deviennent le fil rouge d’une carrière. C’est l’histoire d’Aliaume Breteau, co-fondateur et Président de BHealthCare. 

Fils d’infirmier anesthésiste, il entend son père déplorer le manque de soignants et relever la difficulté de réaliser des prises de sang sur certains patients dont l’accès veineux est complexe. Aliaume, devenu alors étudiant en école d’ingénieur biomédical à l’ECE Paris puis à Audencia, fera de cette observation, le projet structurant de ses études et de sa vie professionnelle.

 

Rencontre avec Aliaume Breteau & Jean-Baptiste de Chaisemartin dans leurs locaux de Saint-Herblain.

Atlanpole : Une rencontre décisive BHEALTHCARE :

C’est en école d’ingénieur qu’il rencontre son futur associé, Jean-Baptiste de Chaisemartin. Aliaume avait alors déjà obtenu en tant qu’étudiant le Prix du ministère de la Santé au concours Lépine. Une première reconnaissance très encourageante pour le projet. Le courant passe entre les deux étudiants qui se rejoignent autour du projet d’Aliaume : imaginer une solution pour faciliter la prise de sang. L’enjeu est tout à la fois de venir répondre au manque de soignants, en particulier dans les déserts médicaux, et de venir proposer une expérience améliorée aux patients lors de l’acte.

 

« Humainement ça a matché entre nous, raconte Jean-Baptiste de Chaisemartin. On a travaillé au moins pendant six mois ensemble et cela nous a permis de voir si notre vision était alignée, si nos valeurs se rejoignaient. » complète Aliaume

 

L’ECE Paris accepte de financer le dépôt d’un premier brevet pendant les études d’Aliaume et de le lui rétrocéder si une création de société survenait. « J’ai validé toutes mes études avec ce projet », sourit Aliaume Breteau « Finalement d’un projet étudiant, on a fait un métier. On s’est rejoint sur la « majeur entrepreneuriat » qui durait une année complète à Audencia. À l’époque, on avait déjà remporté une enveloppe BPI. Cela, nous a permis d’avoir quelques perspectives pour améliorer les premiers prototypes qui avaient été réalisés. Pépite a été également un dispositif très avantageux car nous pouvions conserver le statut étudiant. Le stage commençait en février, et on a créé l’entreprise le 31 août 2016. Cela nous a laissé le temps pour discuter, de s’associer, de créer des premiers partenariats, puis de faire nos premières études de marché… »

J’ai validé toutes mes études avec ce projet 
A. : La borne de prise de sang : une prise de sang adaptée aux besoins actuels B. :

« Cela est peu documenté, mais il y a assez fréquemment des erreurs pré-analytiques, les échantillons de sang sont mal prélevés, le sang est hémolysé, des erreurs de traçabilité, des patients blessés, des hématomes… » explique Aliaume.  « Avec notre automate, on prend notre part de responsabilité, car on manque de personnel médical et certains patients sont très complexes à prélever, poursuit Jean-Baptiste. Notre système s’installe n’importe où.  C’est un peu « le photomaton de la prise de sang » ! On permettra de pallier la désertification médicale et à l’inégalité d’accès aux soins. »

Le projet prend forme. Objectif, non seulement offrir une solution au manque de soignant et proposer une expérience différente et orientée patient pour cet acte médical pourtant si fréquent.

L’initiative est pionnière. Aliaume et Jean-Baptiste sont les premiers à proposer l’automatisation de cet acte médical sur un patient conscient et compliant à collaborer avec un robot. « C’est une première, précisent les deux fondateurs de BHealthCare, de mettre l’ingénierie au service de la compliance du patient pour réaliser un acte médical. »

Aujourd’hui, les travaux quotidiens viennent préciser comment réaliser le prélèvement sanguin de manière à améliorer l’expérience du patient à la fois en termes de design, de perception et d’aperçu. Des études cliniques ont été réalisées et il s’agit à présent d’évaluer la répétabilité de l’acte sur le bras d’une personne se faisant prélever toutes les semaines. Une première amélioration a été identifiée, les tremblements du praticien sont supprimés ce qui améliore considérablement le confort de l’acte pour le patient.

C’est un peu « le photomaton de la prise de sang
A. : Un nouvel outil d’accompagnement des patients pour le personnel soignant B. :

À la question concernant la suppression d’emplois que pourrait entrainer l’arrivée de l’automate de BHealthCare. Aliaume et Jean-Baptiste répondent, « La prise de sang est un acte bénin fait des millions de fois chaque jour mais que plus personne ne veut le faire pour différentes raisons ! Non, il ne vient pas remplacer des emplois, mais répond à une évolution de la société. Nous devons préserver le temps infirmier sur des actes à haute valeur ajoutée. En réalité, nous créons de nouveaux emplois. Cet automate a aussi pour vocation à être installé aux urgences pour les désengorger et dans les maisons de santé. On met entre les mains des infirmiers et des préleveurs, une technologie de pointe qui améliore leur accompagnement vis-à-vis du patient, et aussi leur permet de se recentrer sur des tâches ou des patients plus complexes. »

7 ans après sa création, BHealthCare vient de s’installer dans de nouveaux locaux. La startup finalise aujourd’hui la première version de son produit afin de pouvoir démarrer une investigation clinique et démontrer la performance et la sécurité de son innovation. Un premier essai clinique a été réalisé pendant un an et demi sur 400 patients pris en charge dans un laboratoire partenaire à Nice. L’objectif est maintenant d’obtenir le fameux marquage CE, sésame pour engager la commercialisation du produit.

Il faut donner les moyens aux champions de rester sur le territoire français et européen
A. : De Nantes à Dubaï B. :

Mais c’est sans compter sur une rencontre inattendue avec le ministère de la Santé des Emirats Arabes Unis. Identifié par les émiratis comme une société prometteuse, le tapis rouge leur est déroulé pour venir exposer sur le stand du ministère de la santé à Dubaï, au très select salon Arab Health. L’Arabie fait de l’œil à la jeune startup nantaise, séduite par la rapidité avec laquelle un partenariat leur a été proposé ainsi qu’une aide sur le volet clinique.

Pourtant, Aliaume et Jean-Baptiste reconnaissent avoir bénéficié d’aides décisives de la BPI présente depuis le début du projet ainsi que du FEDER.  Des financements rendus accessibles grâce à l’accompagnement notamment d’Atlanpole.
Alors que BHealthCare est en pleine levée de fond, ses fondateurs déplorent le fait que la plupart des sociétés françaises finiront par se faire financer par des pays étrangers. Leur conclusion, « la France est un eldorado pour créer et monter en croissance, mais dans le domaine de la medtech, le scale up ne se fait pas ici, ni en Europe, et nous le déplorons car avec de la volonté cela se pourrait. Il faut donner les moyens aux champions de rester sur le territoire français et européen, les discours ne suffisent plus et le nombre d’intermédiaires en jeu rend cela inefficace ! » Quand l’entrepreneur s’adresse aux politiques…

Le mot de la fin sera pour Atlanpole. Les fondateurs de BHealthCare se rappellent combien l’interface construite par Atlanpole entre les porteurs de projets et les financeurs publics a été décisive dans la réussite de leur projet.  Ils soulignent également l’intérêt qu’ils ont pu trouver aux cercles d’échanges, des espaces stimulants pour discuter sur des challenges RH, scientifiques ou financiers. Un compagnonnage précieux qui a permis d’ajuster la trajectoire quand cela a été nécessaire, de mettre en place des points d’étape pour sécuriser le parcours.

 

Et l’aventure n’en est qu’à ses débuts pour ces deux-là et leur équipe, qui, à n’en pas douter, ont du feu dans les veines !

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