Portrait Publié le 21 juin 2024

Anthony CAILLEAU

Entreprise : Fonto de vivo

Poste : Directeur général

Année de création : 2017

Anthony CAILLEAU : Entrepreneur comme un poisson dans l’eau 💧

 

« Accrochez-vous, mais ça vaut le coup ! » lance Anthony Cailleau.

7 ans après s’être lancé dans l’aventure de l’entrepreneuriat, le co-fondateur de Fonto de vivo ne mâche pas ses mots. Si l’entrepreneuriat et l’innovation ont toujours fait partie de son ADN, cela reste un chemin semé d’embuche, un vrai sacerdoce ! « Il faut accepter de tout changer, » insiste-t-il, « de se remettre constamment en question, de revoir ses prix, son modèle économique, et de jongler entre stratégie et opportunité. »

 

Nous sommes au soir de la clôture de l’Eco Innovation Factory saison 11 et Anthony s’apprête à partager son expérience avec les nouveaux lauréats de ce programme d’accompagnement porté par Atlanpole. Il sourit. Il était là, à cette même place, il y a un peu plus de 4 ans. C’est peu dire que depuis, l’eau a coulé sous les ponts… Rencontre avec un ancien lauréat de la saison 6 de l’Eco Innovation Factory, entrepreneur à l’enthousiasme contagieux.

Atlanpole : Une rencontre qui coule de source Anthony CAILLEAU :

Après des études en management de projet et entrepreneuriat à l’IAE de Nantes, Anthony rejoint les rangs de Capacités, à l’Université de Nantes. Son rôle :  faciliter le transfert de technologies entre laboratoires et entreprises. Une mission formatrice pour la suite de ses aventures professionnelles.

Après avoir accompagné moultes projets d’innovation, l’envie d’entreprendre est là. Mais manque l’idée, l’opportunité…Quand une rencontre vient donner un tournant décisif à sa vie.
Le service Relations entreprises de l’université demande à Anthony de rencontrer David MONNIER, un humanitaire d’urgence, qui a roulé sa bosse sur le terrain pendant plus de 15 ans. Ancien Chef de la délégation de la Croix Rouge britannique en Haiti en 2010 après le tremblement de terre, il vient solliciter l’aide d’un chercheur spécialiste du traitement de l’eau.

 

« Quand il m’a expliqué son projet et que j’ai appris que 2 milliards de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable dans le monde, je me suis dit, si la solution de David n’existe pas c’est quand même incroyable ! Bref ça a tout de suite matché entre nous, ça a été une évidence.»

 

Son idée, créer un système simple de traitement d’eau afin de disposer d’une eau saine. Sur le terrain, David avait constaté que les solutions d’accès à l’eau potable n’étaient pas durables et créaient de nouvelles dépendances pour les populations locales. Anthony commence alors à l’accompagner au titre de Capacités. « Dans un premier temps, je l’ai aidé à rencontrer des chercheurs, des spécialistes du traitement d’eau, de la plasturgie et du design… Je l’ai aidé à monter une PL2i et un cahier des charges fonctionnelles avec l’IUT de Carquefou. »

 

L’entreprise Fonto de vivo dédiée à la fabrication de purificateurs d’eau autonomes en contexte humanitaire était née.

A. : Se jeter à l’eau A. C. :

Finalement, Anthony finit par quitter Capacités, David lui propose alors de devenir son associé. Anthony lui apporte des compétences complémentaires aux siennes (structuration de l’entreprise, gestion de projets, recherche de fonds…), la recette gagnante pour que l’entreprise fonctionne !
On s’est donné un an pour développer, ça a pris 2 ans.

Le duo de choc convint et participe à l’Eco Innovation Factory saison 6. Une étape importante qui leur permettra de lever des fonds avec Go Capital, séduit par les valeurs du projet et son impact environnemental.

« Il faut dire qu’on était un projet un peu détonnant dans le paysage, un projet lowtech, humanitaire… » sourit Anthony.
« A l’époque on n’avait pas conceptualisé la lowtech et la just tech. Pour nous, c’était du bon sens en fait. On a fait le choix d’une technologie d’ultrafiltration pour obtenir le meilleur rendement qui permet une innovation d’usage sur un marché, en l’occurrence l’humanitaire. Grâce à notre purificateur d’eau autonome et nomade, on vient fournir de l’eau potable instantanément. On garantit une durée de vie du purificateur pour 20 000 litres, soit 2 ans et demi d’utilisation quotidienne à raison de 5l d’eau par personne et par jour. Ce qui change la donne dans les zones de crise ! »

Simple comme de l’eau de roche, encore fallait-il y penser ! Un projet résolument humaniste qui pourrait se résumer par deux mots « autonomie et dignité » comme le dit David. Pas de fausses dépendances, pas d’exploitation….

A. : Fontaine de vie A. C. :

Fonto de vivo, « fontaine de vie, en esperanto » est aujourd’hui reconnue par l’OMS, un label de qualité qui a ouvert de nombreuses portes. Pourtant, le parcours de Fonto de vivo n’a pas toujours été un long fleuve tranquille…
Nous sommes en 2020 et Fonto de vivo s’apprête à lancer les premières séries mais la crise sanitaire vient freiner les ambitions de la startup. Tout ferme, le projet est décalé de plusieurs mois. Un coup dur, alors que Fonto de vivo venait de gagner un prix à Vivatech dans le cadre d’un concours international sur l’eau dans le monde.
Mais les soutiens sont là, Bpifrance, Atlanpole, Initiatives et Initiatives remarquables, le Village By CA et l’entrée au capital du Crédit Agricole avec GO CAPITAL.
Fonto de vivo diversifie ses clientèles et s’ouvrent aux BtoC. Le pari est gagnant, le produit a déjà été vendu à plus de 20 000 unités, et aujourd’hui 600 unités sortent chaque semaine de chez MTO plastique en Vendée, leur sous-traitant présent à leur côté de la conception à l’industrialisation.

A. : Humana solvo A. C. :

Gouvernements, humanitaires, petites ONG, petites associations locales et maintenant particuliers, la clientèle de Fonto de vivo se diversifie. Anthony se réjouit d’une commande d’UNICEF au Liban pour 4 000 unités.

Et de conclure, « la base line de Fonto de vivo c’est Humana solvo. On voulait traduire « des solutions pour l’humanitaire » mais Google le traduit par « des solutions pour l’humain », finalement cela nous va bien !  Je n’oublierai jamais la première fois où j’ai emmené des purificateurs dans une communauté indigènes en Colombie. Un vrai moment d’émotion. C’est là que tout prend sens. »

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