A la tête d’une instance incontournable du financement de l’innovation, Patrick Baudry nous explique qu’au-delà de l’engagement financier, c’est la vision d’un projet qui compte.
Diplômé de Télécom SudParis, Patrick Baudry travaille une dizaine d’années chez France Télécom et La Poste, Centre National Études des Télécom à Issy les Moulineaux, Service de Recherche Technique de la Poste à Nantes puis Direction Régionale de La Poste des Pays de la Loire. Animé par l’envie d’aller vers le monde de l’entreprise et de la finance, il abandonne son statut de fonctionnaire d’État pour rejoindre l’APRODI, association pour la promotion et le développement industriel, et parcourir pendant près de 15 ans la Bretagne, les Pays de la Loire et le Poitou Charentes.
Sa mission effectuée pour le compte des DRIRE (direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) sera alors d’inciter les entreprises à utiliser l’électronique, les matériaux avancés et l’intégration informatique. Cette période sera ponctuée par une aventure de création d’une entreprise technologique dont la défaillance sera une vraie source d’enseignements.
C’est en 2004 que Patrick Baudry arrive à l’Anvar, devenu OSEO puis Bpifrance, avec la mission d’accompagner le développement des entreprises innovantes.
Bpifrance Pays de la Loire finance entre 300 et 400 entreprises tous les ans avec des dispositifs de financement dédiés à l’innovation et qui vont de quelques milliers d’euros jusqu’à quelques centaines de milliers d’euros.
« Il y a quelques années on parlait d’aides qui se situaient entre 10 et 200 000€, maintenant nous élaborons des solutions globales de financement. C’est une véritable ingénierie et nous intervenons à plusieurs niveaux dans le financement de l’entreprise, que ce soit en subventions, avances récupérables ou prêts sans garantie. Nous intervenons quelques fois en investissement via notamment des obligations convertibles »
« La finalité des fonds publics n’est pas de financer seuls un projet de R&D, c’est surtout d’envoyer de bons signaux à la place, qui permettent d’attirer les ressources financières privées qui seront indispensables pour aller plus loin. Ces ressources sont généralement du love money, des prêts d’honneur, des prêts bancaires, des investisseurs. Ceci se fera toujours dans le souci de préserver le porteur de projet dans sa gestion du risque ».
Avec cette finalité en ligne de mire, Patrick Baudry et son équipe vont tout faire pour augmenter l’attractivité des projets et les installer dans un « cercle vertueux » comme il aime à le définir, étape par étape ; et veiller à ce que le projet mobilise de l’argent privé au rythme de sa maturation.
« Pour que ce financement soit efficace, nous avons toujours le réflexe de connecter ces chefs d’entreprises avec le réseau en s’appuyant notamment sur des structures comme Atlanpole. Nos équipes les aident à prendre du recul, les éveillent aux risques et aux opportunités. »
Patrick Baudry juge indispensable la connexion avec les acteurs du développement économique dont Atlanpole fait partie, ou encore le Réseau de Développement de l’Innovation, qui font un travail de détection et de maturation avec les porteurs de projet. Avec sa petite équipe, il confie ne pas pouvoir travailler efficacement sans ce réseau, cet écosystème qu’il trouve remarquable au niveau du maillage entre tous et de la bonne connaissance des spécificités de chacun pour un développement économique efficace.
« En tant que service public, Bpifrance a le devoir d’accompagner des projets qui le méritent, des projets qui arrivent principalement via ce réseau. Lorsqu’un projet est accompagné par un incubateur comme celui porté par Atlanpole, c’est un gage indéniable et un gain de temps. J’apprécie la disponibilité et le professionnalisme des équipes. Nous sommes en phase avec ce qu’on doit apporter à ces projets, même si nous ne répondons pas positivement à tout ce qui est attendu, on trouve des solutions.
Dans ma vision du financement de l’innovation c’est « jamais seul » et surtout le financement ne doit pas être la première étape, c’est la qualité du projet qui importe avant toute chose ».
Comme le dit Paul-François Fournier, notre Directeur exécutif innovation, c’est Servir l’Avenir
Sur les territoires, ce qui guide Patrick Baudry et son équipe, c’est cette nécessité de continuer dans une dynamique de cercle vertueux autour d’un projet innovant. De par cette proximité et/ou intimité qu’ils entretiennent avec le chef d’entreprise, lui-même et ses collaborateurs s’interrogent beaucoup sur la vision du chef d’entreprise et sur le potentiel du projet, en ayant toujours comme préoccupation première le respect et la protection de celui ou celle qui prend des risques. « On se doit aussi de sortir de l’ornière les projets en lesquels on croit vraiment, et leur donner un souffle pour accélérer »
Soucieux de la destination in fine des ressources publiques, il veille à ce que les investissements profitent au territoire. Il souhaite par-dessus tout que les efforts de chacun convergent pour préserver les pépites de la France et de l’Europe.
En 2019 en Pays de la Loire, pour environ 300 entreprises
30 M€ d’Aides publiques
30 M€ de Prêts
Quelques exemples qu’il a envie de citer :
Ornikar, Auto-école en ligne,
Physidia, équipement de dialyse à domicile ,
MicroEJ, informatique embarquée
des entreprises que Bpifrance a accompagné dans la durée ainsi qu’à des moments décisifs.