Portrait Publié le 11 avril 2017

Olivier Kitten

Entreprise : Affilogic

Poste : CEO

Année de création : 2010

Atlanpole : Le pitch de votre entreprise ? Olivier Kitten :

Affilogic est une entreprise de Biotech spécialisée dans la recherche et le développement de molécules notamment pour l’Industrie Pharmaceutique. Ces molécules sont basées sur un format de protéines, les Nanofitines, qui ont pour fonction de s’accrocher à une cible biologique choisie à façon pour la purifier, la détecter, ou bloquer son action. Notre entreprise conçoit ces molécules en particulier pour inhiber des mécanismes pathologiques. Les grandes pathologies visées sont essentiellement les cancers, les maladies du cerveau et inflammatoires. 60% sont produites à la demande de nos clients, et 40% pour nos propres projets. Affilogic a un modèle économique à la fois proche de celui d’une entreprise de service où l’on est payé (un peu) pour chercher, et d’une société de développement de produits où l’on est récompensé (beaucoup plus) lorsque l’on trouve. Une fois les produits testés, nos clients rachètent avec une licence, Affilogic restant propriétaire de la technologie. Nous équilibrons ainsi les besoins à court terme et les perspectives à long terme

A. : Des résultats à donner maintenant ? O. K. :
  • Des résultats fonctionnels : 13 contrats sont actuellement en cours dans le monde (France – Etats-Unis –  Japon) pour découvrir et développer des médicaments. Deux sont déjà convertis  en licence.
  • Des résultats techniques : 2 projets sont programmés pour entrer en phase clinique en 2018 chez nos partenaires.
  • Des résultats économiques, qui dépendent principalement des partenariats : Affilogic a généré un chiffre d’affaire d’1,5 million d’euros en 2016 (dont des programmes européens qui ont généré 500 K€) essentiellement liés à l’activité de découverte. Le fruit des licences va réellement se montrer cette année.
Le succès économique de l’entreprise dépend des partenariats que l’on signe, et surtout de leur réussite
A. : S’il faut remonter à l’origine ? O. K. :

L’histoire a commencé par la rencontre avec deux chercheurs aujourd’hui actionnaires d’Affilogic (Frédéric Pecorari et Charles Tellier) qui avaient mis au point une technologie. En 2009 Atlanpole leur a conseillé de valoriser leur plateforme par le biais d’une création d’entreprise. Ayant des responsabilités à l’époque à Atlanpole en tant que responsable du pôle Atlanpole Biotherapies, je me suis intéressé au sujet et ai immédiatement vu les applications possibles. J’ai alors activé mon réseau dans l’industrie, pour initier des premiers contrats avec Mérial et un consortium belge, partants pour mener des essais, mais dans le cadre entreprise-entreprise. C’est ce qui nous a poussés  à créer Affilogic en 2010.

A. : Un moment décisif ? O. K. :

Le jour où j’ai jeté mes business plans à la poubelle et que je me suis mis à travailler !

On est dans les papiers les premiers mois, je ne vivais que dans des chiffres et tableurs. Puis je suis allé à la rencontre des gens, écouter  leurs besoins. Le business, ça reste de la relation humaine.

Un autre vrai tournant a été le premier « gros » contrat avec Sanofi en 2015 : ça décomplexe, on se dit alors que c’est possible de travailler avec un géant du secteur. C’était surtout le premier sur lequel nous avons pu communiquer…

 

A. : Des accélérateurs de parcours ? O. K. :

Au démarrage, mes anciens collègues d’Atlanpole et le concours national d’aide à la création d’entreprises innovantes du Ministère de la Recherche. La dotation  a permis de poser les premières briques et mettre au point une techno adaptée à nos besoins. Je peux citer également un dispositif régional très utile : objectif performance . Il s’agit d’une co-prise de risque sur des recrutements de postes clés (50% du salaire d’une personne clé pris en charge pendant 1 an). C’est un vrai levier quand on démarre, avoir les moyens de recruter des compétences clés pour l’entreprise.

L’Europe est pour nous un vrai catalyseur de développement, via les programmes européens (on affecte des ressources pour répondre à une question posée par l’Europe). Dès 2012, Affilogic a été partie prenante d’un gros programme sur 5 ans, sans celui-ci, on ne serait pas aussi nombreux aujourd’hui. En dehors du recrutement, cette dynamique fait avancer les projets et est favorable à la constitution d’un réseau européen (partenaires industriels).

A. : Des obstacles ? O. K. :

Notre modèle économique fonctionne mais n’a pas vocation à doper significativement nos fonds propres à court terme, c’est assez atypique pour une entreprise de Biotech. Comme le niveau d’aide auquel on pourrait prétendre est basé sur les fonds propres, on ne rentre pas dans les clous des analystes de certains dispositifs publics. On a par exemple vécu une négociation compliquée sur un programme où nous avions été retenus initialement parce que le niveau de nos fonds propres n’était pas « rassurant ».

Ce qui nous aiderait, c’est une lecture plus personnalisée de notre situation et ne pas nous juger uniquement sur nos fonds propres mais sur notre capacité à générer des revenus et donc à auto financer une partie de notre recherche.

Affilogic devrait être jugé sur sa capacité à investir et non uniquement sur ses fonds propres
A. : Que vous reste-t-il à conquérir? O. K. :

Notre objectif : faire des médicaments donc soigner un jour quelqu’un. Enfin pas juste un seul…!

Plus globalement, je souhaite développer le nombre de projets, et parallèlement la compétence qu’on apporte à nos clients.

Un jalon important : le premier patient traité grâce à notre technologie
A. : L’indispensable pour un chef d’entreprise innovante ? O. K. :

L’équipe. Il est indispensable d’arriver à s’entourer et créer une relation de confiance avec ses collaborateurs. J’attache beaucoup d’importance au savoir-être de mes collaborateurs, avoir une attitude constructive et faire avancer les choses, être flexible… Le chef d’entreprise lui-même doit être focalisé sur les solutions.

A. : Lien écosystème ? O. K. :

Affilogic est membre du pôle Atlanpole Biotherapies, nous faisons souvent partie du stand du pôle sur les salons Biotech internationaux. On a des thèses CIFRE avec des laboratoires de l’Université de Nantes. On était jusqu’à peu de temps dans notre microcosme et à la fois partout dans le monde, aujourd’hui, on commence à développer davantage  de partenariats localement.

A. : Perspectives 3 à 5 ans ? O. K. :

Avoir des produits en phase clinique et être un partenaire récurrent de la moitié des entreprises du top 10 des big Pharma mondiales. Etre capable d’apporter plus de valeur ajoutée à nos clients c’est-à-dire compter une trentaine de collaborateurs dans 3 ans, à Nantes. Il est probable qu’il faille ouvrir des antennes à proximité des clients, mais la recherche restera à Nantes.

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